Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

col du fémur. L’extrémité basse de cette tige désisole, en fléchissant, le fil inducteur de cette jambe. Celui-ci reçoit donc l’action du générateur.

Le fluide arrive à l’aimant de l’articulation-crurale supérieure et en multiplie instantanément la puissance. Cet aimant attire donc avec violence la brisure centrale interne de la bielle, le moyeu de fer-acier : la bielle se tend, par suite, ― en ligne droite et à l’instant même, ― avec une force calculée, amenant, ainsi, la tension de la jambe à laquelle elle est soudée. Celle-ci se tend sur son articulation, mais elle demeurerait suspendue en l’air ― si le poids du corps, attiré par le nœud coulant de la torsade des archals (qui se tend sur la partie antérieure de la bielle), ne se portait en l’avant vers la jambe mue : ― celle-ci, sollicitée par le poids de son brodequin et de son pied et sous la pesée du torse, pose, nécessairement, ce pied sur la terre, en un pas d’environ quarante centimètres. Je vous dirai tout à l’heure pourquoi l’Andréïde ne tombe pas de côté ou d’autre.

Au moment précis où le pied touche terre, une émission dynamique arrive aux aimants de l’articulation d’acier-fer du genou : le genou se tend donc, à son tour, en sa rotule.

Aucune brusquerie dans l’ensemble de cette double tension, parce qu’elle se succède ! Une fois la jambe recouverte de sa carnation, qui a toute l’élasticité de la chair, c’est le mouvement humain lui-même. Il y a brusquerie dans la détente de notre fémur, mais elle est atténuée par le relâché du genou qui ne se tend qu’ultérieurement, comme chez l’Andréïde. ― Faites jouer les articulations d’un squelette,