Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/269

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l’enthousiasme pour l’art spécial de réviser mes fantômes, viendra donner la dernière main.

L’échantillonnage des tons se perfectionne ; car l’Épiderme, qui va venir, est d’une fleur de peau, d’une pelure aussi satinée que translucide, et il y a telles dégradations de teintes qu’il faut prévoir et fixer d’avance, ― indépendamment, même, des ressources solaires dont nous userons tout à l’heure.

Cela fait, nous nous trouvons en présence d’une Alicia Clary vue dans la brume d’un soir de Londres.

C’est à ce moment même ― c’est-à-dire avant de s’occuper de l’Épiderme et de tout ce qu’il comporte ― qu’il convient de s’inquiéter de l’intime, vague et personnelle émanation, mêlée à ses parfums habituels, qui flottent autour de celle que vous avez aimée.

C’est, pour ainsi dire, l’atmosphère exquise de sa présence, l’odor di femina de la poésie italienne. Enfin, chaque fleur féminine a sa senteur qui la caractérise.

Vous avez parlé d’un chaud parfum dont le charme vous troublait, autrefois, et vous éblouissait le cœur. ― Au fond, c’est l’attrait, particulier pour vous, caché dans la beauté de cette jeune femme, qui animait ainsi d’idéal le charme de cette senteur charnelle, ― puisqu’un indifférent y fût demeuré fort insensible.

Il s’agit donc, tout d’abord, de se rendre maître de la complexité de l’odeur charnelle en sa chimique réalité : (le reste étant l’affaire de votre sentimentalisme). Nous procédons, oh ! tout simplement