Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/285

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se sert miss Alicia Clary, et un peu à la volatisation de sa senteur personnelle, il serait impossible de s’y reconnaître.

Toutefois, je ne vous conseille, ici, l’artificiel qu’avec une restriction. Pour les cils, les sourcils, etc., il serait convenable que miss Alicia Clary voulût bien vous faire présent de l’une des mèches les plus sombres de ses personnels cheveux. La Nature a ses droits, et, vous le voyez, je leur rends, parfois, hommage.

Donc, à l’aide d’une préparation particulière des plus simples, tout sera scrupuleusement imité. Les cils seront comptés et mesurés à la loupe, à cause des valeurs du regard. ― Ce vague duvet, ces ombres flottantes sur la mouvante neige du col, pareilles à des tons glacés d’encre de Chine sur une palette d’ivoire, ce négligé des fins cheveux follets, tous ces fondus de teintes enfin, seront d’une similitude enchanteresse !

Passons.

Pour les ongles des mains et des pieds, non, sur mon âme ! nulle fille d’Ève n’en aura jamais possédé de qualité supérieure ! Bien que tout pareils à ceux de votre belle amie, ils seront d’un diamanté, d’un rosé… vivants ! et coupés comme les siens. Vous voyez, d’avance, que la difficulté, ici, n’existe réellement pas assez pour que je doive vous notifier mes moyens d’imitation, n’est-ce pas ?

Occupons-nous de l’Épiderme, et en grande hâte ; il nous reste à peine vingt minutes.

― Savez-vous, Edison, dit lord Ewald après un