Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/318

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pourpre et le vent les froissait, d’aurore en aurore, plus sèchement.

Le château d’Edison et ses jardins apparaissaient déjà dans de plus bleus crépuscules. Les oiseaux familiers d’alentour, ― fidèles aux branchages et aux dernières feuillées, commençaient, gonflant leur plume, à piauler quelques notes de leurs chansons d’hiver.

Pendant cette série de beaux jours, les États-Unis en général, ― et, en particulier, Boston, Philadelphie et New York, ― s’étaient inquiétés, Edison ayant suspendu toutes réceptions depuis la visite de lord Ewald.

Enfermé avec ses mécaniciens et ses appariteurs en son laboratoire, il ne sortait plus. ― Les reporters, expédiés en hâte, avaient trouvé grille close ; ils avaient essayé de sonder M. Martin, mais son mutisme souriant avait déconcerté leurs tentatives. Gazettes et Magazines s’émouvaient. ― « Ah çà, que faisait le sorcier de Menlo Park ? le papa du Phonographe ? » Des rumeurs, touchant la découverte définitive de l’adaptation du compteur (!) à l’Électricité, commencèrent à circuler.

D’habiles détectives avaient cherché à louer des fenêtres lointaines pour surprendre une expérience. Dollars perdus ! ― L’on ne voyait rien, de ces maudites fenêtres ! ― Des limiers, dépêchés par la Compagnie du Gaz, devenue fortement inquiète, s’étaient retirés sur les hauteurs environnantes et, là, nantis d’énormes télescopes, plongeaient dans les jardins qu’ils inspectaient et scrutaient d’une pupille sagace.

Mais, du côté du laboratoire, le feuillage d’une