Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/367

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― Eh bien ? demanda Edison.

― Eh bien, répondit lord Ewald, si j’en juge par la première et si lointaine voix de Hadaly, ce doit être un être bien merveilleux que cette mistress Any Sowana !

― Allons ! dit Edison, je vois que vous avez réfléchi, tous les soirs, dans votre cottage, et que vous avez essayé de vous expliquer l’œuvre par vous-même. Bien. Vous en devinez quelque peu, j’en suis sûr, l’arcane initial : mais, ― qui pourrait imaginer, jamais, par quelle circonstance, toute adventice et miraculeuse, il me fut donné de m’en rendre maître ! ― Cela prouve que tout arrive à ceux qui cherchent.

Vous vous rappelez, n’est-ce pas, l’histoire que je vous ai contée, en bas, d’un certain Edward Anderson ? Ce que vous me demandez n’est autre que la fin de cette histoire : ― la voici.

Edison, s’étant recueilli un instant, reprit :

― Sous le coup de la triste mort et de la ruine de son mari, mistress Anderson, se voyant dépossédée de sa maison, subitement, ― sans pain même, et vouée, avec ses deux enfants de dix à douze ans, à la très problématique charité de quelques banales connaissances commerciales, fut, tout d’abord, atteinte d’un mal qui la réduisit à l’inaction complète, ― d’une de ces grandes névroses reconnues incurables, celle du Sommeil.

Je vous ai dit combien je tenais en estime la nature de cette femme, et, ― comprenez-moi, milord, ― son intelligence… J’eus donc le bonheur de songer à venir en aide à cette abandonnée, ― comme jadis vous vîntes à mon aide ! ― et au nom