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Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/154

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auront conduit en ce taudion. Je songe qu’il est là, trônant sur un lit de camp, les yeux pleins de mélancolie et de fureur ; auprès de lui gît quelque sacoche remplie de diamants et d’or, et, pensif, étreignant un sceptre emporté de nuit, il se laisse indifféremment agoniser. De là, ces profonds soupirs !… — Eh bien ! pourquoi troubler sa suprême songerie ? Je pense que nous devons respecter sa solitude auguste et visionnaire. Laissez-moi m’endormir, fier d’un tel voisin ! C’est là de quoi rêver de beaux rêves.

Bréart et Nédonchel avaient écouté bouche béante, ce discours. Revenus de leur saisissement, ils se regardèrent, et, rassurés par le placide sourire d’Alexis :

— Non ! s’écria Nédonchel, ma parole, j’ai cru… qu’il parlait sérieusement !

— J’en suis encore effaré moi-même, ajouta J. Bréart : — mais, à présent, soyons positifs. — Il faut aller voir ! Tiens ? Entends-tu ?… Quelqu’un de très malade, à coup sûr ! quelque pauvre diable !