Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/168

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gental, un de ses plus anciens clients, un ami. Le second soir, une discussion de dessert s’étant élevée, Pied, — si réservé d’habitude, avait tout d’un coup stupéfait les convives en se révélant comme grand mangeur de prêtres et de rois. On s’était échauffé et, par instants, il avait donné à ses auditeurs interdits l’impression d’un Robespierre… Puis, il s’était retiré dans sa chambre après avoir notifié, pour le lendemain matin, son départ — devenu nécessaire, d’ailleurs… Or, en vérité, c’est ici que les choses tournent à l’invraisemblable !… Au milieu de la nuit, se relevant en sursaut, Pied, — comme en proie à quelque maladive crise de perversité, de frénésie rancunière, de démence vindicative, absolument inconcevable chez l’homme que tous avaient, jusqu’alors, connu en lui, — s’était dirigé, brandissant un flambeau, vers la grange encombrée de fourrages qui attenait à l’habitation.