Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/195

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opportuniste, la part du feu. — Que lui importait, après tout ? Ne vivons-nous pas en un siècle de pensée libre ? Eh bien ? du moment où cela non seulement ne le gênait pas, mais — redisons-le — lui pouvait être utile, flatteur même, entre temps, pourquoi ce clairvoyant époux eût-il risqué sa quiétude, en essayant, sans profit, de guérir sa femme de cette maladie incurable et natale qu’on appelle l’âme ?… Tout pesé, ce vice de conformation ne lui semblait pas absolument rédhibitoire.

Presque toute l’année, les Rousseau-Latouche habitaient leur belle maison de l’avenue des Ternes. L’été, aux vacances de la Chambre, Évariste emmenait sa femme en une délicieuse maison de campagne, aux environs de Sceaux. Comme on n’y recevait pas, les soirées étaient, parfois, un peu longues ; mais on se levait de meilleure heure. Un peu de solitude, cela retrempe et rassoit l’esprit.