Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/209

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si haut avec les choses terrestres, quand après tout, l’on n’en faisait fi qu’en paroles !

Il se mit donc — sans trop se rendre compte de la vilenie compassée d’un tel procédé — à leur tendre des pièges ! à les laisser seuls, aux jardins, par exemple, — alors qu’il les observait de loin, muni d’une forte jumelle marine. — (Oh ! certes, dès le premier baiser, par exemple, il serait survenu, et leur eût, en souriant, fait constater leur hypocrite faiblesse !)… Malheureusement pour lui, Frédérique et Bénédict ne donnèrent, en ces occasions, aucune prise à ses remontrances, ne réalisèrent pas son singulier espoir. Ils se parlèrent peu, et se séparèrent bientôt, sans affectation par simple convenance. Frédérique devant aller rendre ses visites à des pauvres, Bénédict lui remettait un peu d’or, pour l’aider en ces futilités toutes féminines. De là les quelques paroles entre eux échangées. Évariste les trouvait au moins imbéciles.