Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/232

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Le voyant, d’instants en instants, s’éteindre, tous ceux qui l’entouraient, l’estimaient et l’aimaient, sentaient leurs yeux se mouiller et le contemplaient, tête nue.

Il tira de sa poitrine la petite photographie de la fiancée vénérée, qu’il ne devait plus revoir, mais qui lui avait juré, s’il était tué à la guerre, de se consacrer à Dieu.

Puis, comme le réel bonheur ne peut se trouver, ici-bas, qu’en soi-même, et que, par miracle, sa foi l’avait protégé contre tout scandale extérieur, emportant ses nobles et pures croyances préservées, il fit le signe de la croix. Alors, le visage rayonnant d’une joie extatique, tranquille, nuptiale, et touchant de ses lèvres l’image d’Yvaine, il expira doucement, d’un air d’élu.