Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le duc. — Ou pis ?

le chevalier. — Ah ! sortons d’abord de la République ! Nous discuterons après !

le duc. — On hésite, vous dis-je, à sortir, même de Charybde, lorsque c’est à seule condition de mettre le cap sur Scylla.

le chevalier. — Quelles brusques réformes désirez-vous donc ? Il est des transitions indispensables ! Entre la lourde nuit et l’aurore, il y a le crépuscule !

le duc. — Nous avons connu l’aurore et le jour, — et… il se fait tard.

le chevalier. — Mais vous êtes, — nous sommes chrétiens ! L’Espérance est le premier devoir des hommes de foi !…

le duc. — Prenez garde. — La foi s’appuie sur… la tradition…

le chevalier. — Ah ! Monsieur le Duc, nul ne doit plus invoquer, ici, la tradition ! — « À quoi juger de l’arbre ? À ses fruits. » Or ; n’attendant même pas qu’il ait revêtu son feuillage pour le condamner, ne