Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Et cependant, ce pays changeait. En 1848, une révolution ; en 1852, une restauration impériale ; en 1870, une défaite, la patrie sanglante, une révolution nouvelle…

» Et cependant, toujours l’exil.

» Elle voulut, du moins, que cet homme, dont ne voulait pas sa patrie, eût un foyer paisible, chrétien, noble, charitable et conjugal. Comme la jeune fille l’avait rêvé, elle fut la compagne douce, résignée, — toujours souriante, même au chevet mortel, — de ce banni ! Et, au milieu de toutes ses tristesses, une tristesse plus poignante encore lui était réservée ! À ce dernier représentant d’une si haute race elle n’eut même pas la joie de donner un héritier.

— Elle est pourtant quelque chose, cette femme ! Elle est veuve d’un bon et loyal compagnon ! Ce qui reste de lui et de son âme est sous ces voiles de deuil, — et n’est pas ailleurs ! — Elle est celle qui était créée pour cette union. L’auréole qui se dégage