Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/212

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cet être occulte, est le seul réel ! et que c’est celui-là qui constitue la personnalité. Le corps apparent n’est que le repoussé de l’autre, c’est un voile qui s’épaissit ou s’éclaire selon les degrés de translucidité de qui le regarde, et l’être-occulte ne s’y laisse deviner et reconnaître que par l’expression des traits du masque mortel. — L’organisme, enfin, n’est qu’un prétexte au corps lumineux qui le pénètre ! Et l’on ne songerait jamais à son corps, — excepté, peut-être, pour en entretenir la vie, — si l’on était seul. — Remarquez-le : si deux hommes sont liés ensemble par un sentiment quelconque, ils finissent par oublier peu à peu les détails de leur aspect : ils ne se voient plus ; ils sont en relation d’une manière plus profonde, et c’est leur être moral qu’ils voient réciproquement ; ils savent qui ils sont, sous le simulacre palpable.