Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/264

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ses yeux nocturnes faisaient frissonner mon âme d’une angoisse de sang, d’enfer et d’agonie ; je me réveillai en sursaut, dans un grand cri, trempée et glacée de sueur… Jamais je n’ai réussi à oublier ce songe.

Elle se tut.

Puis-je dire, y a-t-il des mots pour exprimer les effroyables pensées, — filles des possibilités funèbres, après tout, — qui me paralysaient des pieds à la tête, pendant ces phrases infernales ? J’étais bouleversé. Les sentiments qui s’agitaient dans mon être étaient innommables.

Cependant, bien que le son de ma propre voix me fît profondément frémir, j’articulai sans me rendre compte au juste de mes paroles :

— Personne ! personne, heureusement, — entendez-vous ? — ne saurait déterminer le