Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/61

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Depuis longtemps déjà pèse sur le bandit ;
Les ronces, sur sa croix en ruines, serpentent.
Qu’importent aux vivants qui boivent et qui chantent,
Ceux qui sont allés dans la nuit !


XXX


Ah ! lorsque, sous les pins déchirés par l’orage,
Le soir, il était roi ; dans sa sierra sauvage,
Quand il guettait leurs pas, sans trêve, sans repos,
Et que, dans les sentiers pleins d’embûches funèbres
Son coup de feu connu sonnant dans les ténèbres,
Bondissait d’échos en échos ;


XXXI


Certes, on se rappelait ! Maintenant ? — ô misère ! —
S’il eût été César, ce reste de poussière,
De quoi pourrait servir à son crâne maudit
D’avoir ceint, sur le trône, un large diadème ?
Au fond, partout, la mort est à peu près la même,
Pour le héros et le bandit.