Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/63

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Et, sur le flanc des monts, loin des troupeaux errants,
Elle s’asseyait, seule, auprès des vieux abîmes,
Et, rêveuse, elle aimait cueillir ces fleurs sublimes
Qui naissent aux bords des torrents.


XXXV


Le soir, elle quittait la plaine et la vallée,
Et venait au souper de la hutte isolée...
Il la pressait alors sur son cœur frémissant,
Et, près d’elle, oubliant la montagne et l’orage.
Sa main laissa parfois sur ce front sans nuage
Tomber une tache de sang.


XXXVI


Puis, la jeunesse vint, dans son âme, éveillée,
— Rose si tôt cueillie et si vite effeuillée ! —
Elle ignora pourtant les amours d’ici-bas :
Son cœur semblait glacé dans sa blanche poitrine...
— Puis, un soir, elle vit qu’elle était orpheline,
Car le bandit ne revint pas.