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Ne pouvait-elle aussi vivre avant de mourir ?
Elle se rappela les danses, la guitare,
Les basquines, la joie et l’amour qui s’égare
Aux bois où chante le zéphyr.


XLV


Hermosa se taisait comme lorsqu’on sommeille.
Une autre voix, déjà, lui parlait a l’oreille,
Faisant devant ses yeux passer d’ardents tableaux :
Ses paroles, chanson fatale, âpre délire,
Avaient, dans leur gaieté, l’air d’un éclat de rire
Étouffant un bruit de sanglots.


XLVI


« Vivre ou mourir ?» — disait la voix ; — « mais, vieille Terre,
» Qu’importe ? n’es-tu pas vanité sur misère ?
» Le vent glacé qui hurle au creux des noirs chemins,
» Emporte les amours dans l’ombre où vont les rêves,
» Les feuilles des forêts, les flots amers des grèves,
» Et les flots changeants des humains !