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VII


Leur vie, à part cela, n’était qu’un long délire.
Comme jadis Hébé, dans son royal empire,
Versait aux Dieux païens la liqueur du sommeil,
Tel, d’un bras gracieux et ferme, la Jeunesse
Leur versait, tour à tour, le plaisir et l’ivresse
Dans une coupe de vermeil.


VIII


Un soir, au clair de lune, ils voguaient ce leur guise
Sur les flots étoilés où se baigne Venise ;
Ils voguaient, et, déjà, s’effaçaient derrière eux
Masques, flambeaux, palais, femmes, fleurs, bal sonore...
À peine un chant d’amour, au loin, troublait encore
Le divin silence des cieux.


IX


Ils avaient pour abri, dans leurs fraîches nuitées,
Un dais de satin blanc aux franges argentées,