Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/84

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Les vents, pleins de parfums et de vagues accords,
Caressaient leurs cheveux. — « Mon secret ? c’est ma vie !
» A quoi bon remonter les torrents ! » — « Je t’en prie ! »
— « Eh bien, dit-il, écoute, alors !


XXX


« Puisque je suis la voix qui chante aux jeunes filles
Dans les bois, sur les lacs, sous les fleurs des charmilles,
Des rythmes inconnus, puissants et singuliers ;
Puisque, sylphe ou génie aux magnétiques ailes,
Je suis celui qui vient murmurer auprès d’elles
Les serments si vite oubliés :


XXXI


« Puisque, lassé de vivre en méprisant la vie,
Je regarde la mort sans haine et sans envie,
Comme une ombre suprême où dorment les amours ;
Puisque ce Dieu vengeur, dont je suis la victime,
A, pour demain, peut-être, au Livre de l’Abîme
Marqué le terme de mes jours ;