Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/124

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naient, comme il est d’habitude en artillerie, que des engins de plomb, de poudre ou d’acier, — que des munitions de guerre quelconques, enfin, — (comment, d’ailleurs, imaginer la vérité devant leur nombre !) — les hommes de ce détachement spécial, choisis originaires de pays saxons les plus distants du Schwartzwald, — dévoyés, dans les bois, à travers les mille tortueux chemins où, seul, le comte d’Auërsperg pouvait se reconnaître, — harassés de la longue route, inquiets d’une rencontre ennemie aux environs d’une forteresse imaginaire dont ils pensaient ravitailler les casemates, — les yeux pour ainsi dire bandés, à leur soudaine arrivée, par la pluie et le crépuscule et, à leur retraite, par la nuit, — rejoints, bientôt, par le comte lui-même, au cours de leur marche hasardeuse, — et devant être dirigés demain sur des points éloignés, au plus fort de l’action militaire, — comment tel ou tel obscur soupçon, chez un seul d’entre eux, n’eût-il pas été de toute impuissance ? Et, la paix s’annonçant d’ailleurs comme prochaine, quelle spoliation pouvait être à redouter désormais ici ?

Le Commandeur, très calme, observant herr Zacharias

Quel ingénieux récit tu imagines là, mon cher Zacharias !.. L’Histoire, hélas ! est toute différente.