Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/178

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vos inconsistantes prévisions, rendre à votre nom, qui est aussi le mien, tout l’honneur passé !

Axël

Oh ! chez les miens, monsieur, l’on n’eut jamais que faire de personne pour décréter notre honneur, attendu que la patrie, fondée, à travers les siècles, par nos actes et ceux de nos pairs en seigneurie militaire, nous doit le plus pur du sien… — Nul, donc, ne saurait avoir qualité pour contrôler l’honneur de ceux-là dont la fonction vive est de pénétrer d’un sens réel celui des autres hommes, et nous nous soucions assez peu de l’estime sans valeur de ces passants (si nombreux qu’on les suppose) qui se permettent une seule fois de le discuter. Je n’ai donc pas à tenir compte de vos derniers propos. Je suis ici dans mon héréditaire maison, foyer d’exil en un lieu d’exil, la patrie n’étant plus, pour moi, qu’un emplacement. Je n’ai pas à m’inquiéter de ce qui peut être enterré aux environs de cette demeure, mon père ne m’ayant pas laissé d’avis à ce sujet. Aucune loi ne m’imposant de m’en préoccuper, nul ne saurait me contester le droit d’en récuser le souci.

Le Commandeur

Votre père vous légua moins encore le devoir