Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/187

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Axël, avec un dédain grave

Seul, je sais quels vastes dangers, quelles embûches mortelles, recèle et peut, soudain, accuser cette Forêt militaire où, depuis trois siècles, nous commandons ! Quatre ou cinq cents soldats, dépêchés contre ce sol, ne feraient pas vingt lieues, sous bois, vers ce donjon, sans que, par une simple catastrophe accidentelle, le terrain qu’ils couvriraient ne se retournât sur leur disparition, les rendant pareils à l’Or qu’ils seraient venus chercher. — Résultat : lorsque de telles incidences entravent les débuts d’une entreprise déjà vague et douteuse, on diffère de se risquer en de nouvelles menées pour d’aussi hasardeux bénéfices ; le temps passe en indécisions, en enquêtes vaines, en commentaires : le soucieux oubli vient… — bref, les choses resteraient en l’état, selon mon occulte volonté.

Le Commandeur

Supposé que vous n’ignoriez pas ce que peuvent, partout, quelques centaines d’hommes, disciplinés, un millier, au besoin, sagement conduits, — ce serait donc à cette criminelle folie que se résoudrait, froidement, votre conscience ?

Axël, souriant

Ici, je n’ai plus de comptes à rendre ; sur ce