Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/216

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tent de blanches princesses enchantées, — et, seigneur des contes hindous, ne sachant où sont ses trésors, je me verrais condamné à languir entre ces murailles, à traquer les bêtes des bois pour distraire mon désespoir ! Non ! Dussé-je avoir recours à ces opérations d’enfer qui, du moins, brisent les obstacles et déchirent les secrets ténébreux, je découvrirai cet or foudroyant !… En demeurer plus longtemps l’étranger… serait de quoi s’aller briser dans un précipice.

Maître Janus, qui a lu dans la pensée d’Axël

Ce n’était pas la peine de naître.

Axël, comme se décidant, après l’avoir regardé

Maître, je sais que, selon la doctrine ancienne, pour devenir tout-puissant il faut vaincre, en soi, toute passion, oublier toute convoitise, détruire toute trace humaine, — assujettir par le détachement. — Homme, si tu cesses de limiter une chose en toi, c’est-à-dire de la désirer, si, par là, tu te retires d’elle, elle t’arrivera, féminine, comme l’eau vient remplir la place qu’on lui offre dans le creux de la main. Car tu possèdes l’être réel de toutes choses en ta pure volonté, et tu es le dieu que tu peux devenir. — Oui, tel est le dogme et l’arcane premier du réel Savoir.