Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/218

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être, le Sommeil-sans-rêves ? le Nul ?… — Ah ! je doute bien — des dieux !

Maître Janus

Les dieux sont ceux qui ne doutent jamais. Échappe-toi, comme eux, par la foi, dans l’Incréé. Accomplis-toi dans ta lumière astrale ! Surgis ! Moissonne ! Monte ! Deviens ta propre fleur ! Tu n’es que ce que tu penses : pense-toi donc éternel. Ne perds pas l’heure à douter de la porte qui s’ouvre, des instants que tu t’es dévolus en ton germe, et qui te sont laissés. — Ne sens-tu pas ton être impérissable briller au delà des doutes, au delà de toutes les nuits !

Axël

Et si la Mort abolit en moi toute mémoire ?

Maître Janus

Toute mémoire ? — Et, dès ici, te souviens-tu d’hier ? Ce qui passe, ou change, vaut-il qu’on se le rappelle ? — De quoi voudrais-tu donc te souvenir ?

Axël

Les tendances, résultat d’un douteux passé sont, peut-être une mémoire : cependant, qui me