Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/222

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Pourrai-je transmuer les métaux, comme Hermès ? disposer les aimants, comme Paracelse ? — ressusciter les morts, comme Apollonius de Tyane ? Trouverai-je, moi aussi, les pantacles contre les Circonstances-fatales et contre les Terreurs-de-la-Nuit ? les électuaires qui contraignent ou détruisent l’amour ? le Magistère du soleil, par qui l’on gouverne les éléments ? l’Élixir de longue-vie ? comme Raymond Lulle, la Poudre de projection ? comme le Cosmopolite, — la Pierre philosophale ! Serai-je pareil aux mages de la grande légende ?

Maître Janus, impassible, le pied contre la flaque de sang

Les « Mages » réels ne laissent point de nom dans la mémoire des passants et leur sont à jamais inconnus. Leur nombre, depuis les temps, est le même nombre : mais ils forment un seul esprit. Les songeurs que tu viens de nommer furent d’utiles, de sages mortels. — Ce ne furent pas des Délivrés. Les Mages réels, s’ils dédaignent de vivre, — se dispensent aussi de mourir.

Axël, tressaillant

Que serait donc un mage ?