Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/260

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toutes couleurs, mouillées de lumières, une myriade de brillants aux facettes d’éclairs, de lourds colliers de diamants encore, sans nombre, de bijoux en feu, de perles. — Ce torrentiel ruissellement de lueurs semble inonder, brusquement, les épaules, les cheveux et les vêtements de Sara : les pierres précieuses et les perles bondissent autour d’elle de toutes parts, tintant sur le marbre des tombes et rejaillissant, en gerbes d’éblouissantes étincelles, jusque sur les blanches statues, avec le crépitement d’un incendie.
Et, comme ce pan de la muraille s’est, maintenant, enfoncé plus d’à moitié sous terre, voici que, des deux côtés de la vaste embrasure, de tonnantes et sonnantes cataractes d’or liquide se profluent aux pieds de la ténébreuse advenue.
Ainsi que, tout à l’heure les pierreries, de roulants flots de pièces d’or tombent formidablement de l’intérieur de barils défoncés, brisés par la rouille et par la pression de leur nombre.
Les premiers, leurs propres richesses en ont tassé et calé, dans l’immense caverne, les entrecroisements ; les autres, accumulés, derrière eux, en désordre, se superposent et s’allongent en centaines massives. Çà et là, dans les lointains intervalles, des reflets du flambeau laissent distinguer, sur le fond de l’obscurité, quelque bande jaunie d’un parchemin, que scelle encore, en des moisissures, une large empreinte de cire rouge.
Les dunes d’or les plus proches, amoncelées contre cette paroi disparue du mur — qui s’est arrêtée au ras du sol — roulent, à profusion, bruissent, bourdonnent, et se répandent, follement — irruption vermeille — à travers les allées sépulcrales.
Alors, s’appuyant d’une main contre l’épaule d’une