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Axël, s’effaçant sous la feinte d’un retrait, a saisi puissamment, malgré la vitesse, l’habile et fulgurant poignet de Sara.
L’instant d’après, irrésistible, — bien que surpris de l’extraordinaire résistance de cette féminine ennemie, — le comte d’Auërsperg, d’une étreinte de fer, la tient, désarmée, paralysée et renversée sur son bras.
Axël, terrible, le poignard levé

Toi, je veux voir la couleur de ton sang !

Au moment de frapper, il s’arrête à l’aspect du sublime visage de la jeune fille.
Sara, ressaisissant le poignet d’Axël et le ramenant avec violence contre elle-même.

Eh bien, regarde !

La pointe de l’arme atteint son épaule ; quelques gouttes de sang jaillissent seules, le comte d’Auërsperg ayant paru retenir l’impulsion du mouvement de Sara.
Axël, à lui-même, comme ébloui, la considérant éperdûment

Ô beauté d’une forêt sous la foudre !

Sara, sombre

Frappe et oublie !

Axël, dénouant son étreinte

À toi la plus précieuse part — et la vie sauve.