Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/272

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destie de mes paroles, a pressenti sa sœur sacrée ! — Tu es un être inespéré !… Je ne veux d’autre parure que ton regard d’enfant où je suis si belle — et c’est de me voir condamnée à subir tant d’amour que je suis si pâle. — Quant à nos grandes richesses, laissons-nous vivre, avec nos songes étoilés !

Il s’est assis, sur un coussin, aux pieds de Sara — croisant ses bras sur les genoux de la belle fille ; il la regarde pendant quelque temps, comme perdu dans un abîme de joie silencieuse.
Axël

Oui, pareille à la statue de l’Adieu, tu devais m’apparaître, en ce deuil, souriante et couverte de pierreries, au milieu des tombeaux. Sous ta chevelure nocturne, tu es comme un lis idéal, tout en fleurs dans les ténèbres.

Quels frémissements ta vue suscite en moi ! Mon amour ? Mes désirs ?… Tu te perds en eux, comme si tu te baignais dans l’Océan. Si tu veux fuir, c’est en eux que tu fuis. Ils te pressent et te pénètrent, ô bien-aimée ! ils te soulèvent et meurent en toi… pour revivre en ta beauté !

Sara, souriante, respirant les cheveux d’Axël

Tu sens l’odeur des feuilles dans les clairs au-