Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/29

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récit de chevalerie et de croisades où le merveilleux l’emporte sur le réel. Voici : les chefs de ces deux familles furent, en même temps, paraît-il, ambassadeurs, l’un de France, l’autre d’Allemagne, près d’un soudan (le soudan El Kalab, dit la chronique de l’époque). — Or, un « mage », qui assistait le conseil secret du prince égyptien, sut convaincre les deux chevaliers de substituer ces mystérieux sphinx d’or aux deux lions qui supportaient leur écusson commun. La devise d’Auërsperg est plus incompréhensible :

AltiUs rEsurgeRe SPERo Gemmatus !

Laissons là ces traditions vaines. — La récipiendaire doit s’apprêter pour la prise du voile, n’est-ce pas ? Vous l’avez bien mise au fait du rituel de notre liturgie, pour sa consécration ?

L’Abbesse, soucieuse, l’interrompant

Mademoiselle de Maupers se prépare pour la cérémonie, oui, mon père. Un silence ; puis, comme cédant, tout à coup, à une obsession intérieure : Avant l’office divin, laissez-moi réclamer vos lumières sur un ensemble de circonstances spéciales dont le souvenir vient encore de me préoccuper l’esprit. — Ces circonstances m’ont suggéré une supposition… d’un ordre tellement extraordinaire… que j’hésite