Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pline, de longues et humbles prières, de bonnes privations et de bons jeûnes, voilà ce qui donne de la substance à notre foi, voilà ce qui vaut quelque chose, ce qui pèse dans la Mort, voilà ce qui crée un droit et solidifie notre surnaturel. — Enfin ! s’il faut de l’éloquence pour persuader cette âme en péril… Dédaigneusement : j’en aurai ce soir, — oui, le cercle une fois épuisé des pédantes citations d’une scolastique sacrée, j’oserai moi-même combattre, en rhéteur, ses indécisions peccamineuses, — mais en n’oubliant pas cette grande parole voyante du Psalmiste : Quoniam non cognovi litteraturam, introibo in potentias Dei.

L’Abbesse

Je devrais la croire bien disposée, cependant ! Peut-être cherche-t-elle à prier ! — Voyez, elle vient de signer, entre mes mains, le renoncement à ses biens terrestres.

L’Archidiacre, regardant l’acte de donation

Hô ! j’oubliais ! c’est juste. Que de pauvres à nourrir ! par centaines ! Que de pèlerins à soulager !… Oui, peut-être qu’une grâce efficiente l’a touchée ! peut-être sommes-nous tourmentés par une de ces suspicions sans objet, envoyées par les esprits du Mal, dans les circonstances solennelles, pour alarmer notre faiblesse !