Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/57

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et qui regarde la renonciatrice. Stupeur. Silence. Sœur Aloyse est tombée, comme évanouie, aux pieds de Sara. Les corbeilles de fleurs, les encensoirs encore fumants sont abandonnés autour d’elles.
Sœur Laudation, à elle-même, et se signant

Je comprends, à présent ! le mauvais présage de la nuit : la lampe de Dieu s’est éteinte… celles des Vierges-folles s’éteignaient aussi devant l’Époux !

L’Abbesse, pâlissante et comme suffoquée

Ô nuit d’effroi !

Minuit sonne. — Cloches joyeuses, en tumulte, au lointain. Carillons.
le chœur des Religieuses, invisible dans l’orgue, éclatant
Noël ! Noël ! Alléluia !
Hodiè contritum est, pede virgineo,
Caput serpentis antiqui
 !
L’Abbesse, frappant les dalles de sa crosse

Cessez ! cessez les chants !

le chœur, dans l’orgue, en même temps, couvrant sa voix
Noël ! Alléluia ! Noël !


Les religieuses, dans la tribune des orgues, n’ont pas vu l’acte qui s’est passé devant l’autel : et les chœurs,