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Scène VIII

L’ARCHIDIACRE, SARA.
L’Archidiacre, terrible

Femme, tu as été lâche. Tu as rougi de Celui… qui rougira de toi. Tu as effrayé des âmes aussi pures que l’Étoile du matin ! Tu as bravé la divine colère, outragé le Dieu qui t’a tirée du néant et qui t’offrait son royaume. Tu t’appelles Lazare, et tu as résisté à la voix souveraine qui te criait de sortir. Tu as refusé ta place au banquet, et cela devant moi, qui ai mission de te contraindre à t’y asseoir. Car, de même que les lois inclinent ou obligent les hommes au devoir, de même Dieu, principe et fin de toute loi, de tout devoir et de toute force, peut plier et violenter — miraculeusement — les consciences et les libertés. Un silence.

Au nom de ton salut, pour lequel, sur la montagne éternellement mystérieuse, il rendit l’esprit sur l’inévitable Croix, je ne veux voir en toi qu’une victime affolée par les princes de l’Enfer. Qu’espères-tu ? L’éviction de ce monastère ? Non, insensée, tu ne sortiras pas ! — L’autorité des hommes