Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/79

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lui, tout chamarré d’ordres et de croix — devant le jeune comte, — eh bien, au lieu des deux mains offertes, il est demeuré comme interdit pendant un instant ! — Nous autres, grands barbons, cuirasses rouillées, soldats des vieilles guerres, serviteurs aujourd’hui voués à l’exil, mais qui, je pense, avons gagné, chacun, notre croix de Fer un peu plus malaisément que lui ses grands cordons (sans offense), — il ne nous avait même pas reconnus.

Gotthold, pensif

Le comte, en ce deuil qui va si bien à sa puissante taille, se levant et l’accueillant avec sa simplicité grave, avait l’air d’un jeune lion qui porte sa race dans ses yeux. J’en étais fier, moi ! comme le jour où j’eus l’honneur de lui mettre un fleuret au poing pour la première fois. — Et j’ose croire qu’aujourd’hui monseigneur est, certes, l’une des plus dangereuses épées de l’Allemagne, sinon la plus redoutable.

Hartwig, relevant la tête, et souriant

Par exemple, Ukko n’a pas été meilleur courtisan vis-à-vis de ce voyageur, en ce moment-là. — L’ingénu démon ! Vous rappelez-vous qu’il tenait d’une main la laisse de ses trois féroces lévriers,