Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/262

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aérolithe, mortel comme celui d’un obus — et d’une manière quasi perpendiculaire — sur la tête de la jeune rêveuse, hélas !… C’est donc à notre satellite, — en un mot, c’est la Lune — qu’il faut nous en prendre. Notre doyen, professeur d’Histoire naturelle, a même l’honneur de demander à M. le vicomte de Rotybal l’autorisation de déposer ce funeste échantillon du ciel au musée de la ville.

De tout quoi, nous avons attesté, en ce jour de juin 1885.

Signé : Drs L et K. »


— Tiens ! un miracle !… s’est tranquillement écrié M. de Rotybal à la fin de cette lecture. Et ce plaisantin du journal qui prétend à mon sujet « que le ciel ne se mêle plus de nos petites affaires !… »

Après un profond moment de silence :

— Monsieur le vicomte, vous êtes libre !… a déclaré le juge d’instruction.

M. de Rotybal, non sans un grave sourire, s’est incliné.

L’instant d’après, en bas, sur la place, au milieu d’une foule qui saluait son retour par des cris joyeux, le vicomte ayant allumé une cigarette, a crayonné, toujours correct, deux mots, à la hâte, notifiant à la Société des Divorceurs de suspendre l’instance. Il a fait porter la dépêche au télégraphe par son groom.

Puis, ressaisissant les rênes de son tilbury, le vicomte a disparu au petit trot vers son manoir.