Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/270

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Le but n’est-il pas légitime ?

Régulariser la situation fausse où les âmes-sœurs s’étiolent trop souvent ici-bas, dans la société.

Quant au grand nombre de ses employés, puisqu’elle les alimente et les occupe, n’est-elle pas un dérivatif, une soupape de sûreté par laquelle s’évapore la fumée sociale de ces minorités négligeables dont l’oisiveté famélique nous eût tôt ou tard menacés ?…

Maintenant au point de vue moral, puisque, d’après la loi, les anciens vœux sacrés du mariage ne peuvent plus être, en France, que conditionnels, n’est-il pas logique, après tout, que les vieux parjures de l’adultère deviennent fictifs ? Comédiens d’un côté, fantoches de l’autre.

Aujourd’hui, en France, l’idéal étant d’être libre, sachons prouver qu’ici encore notre sagesse est au-dessus de toute onéreuse fidélité.


Mais voici bien d’une autre chose ! Chose étrange ! Malgré les minutieuses précautions prises par le major Hilarion des Nénufars, la pruderie s’est effarouchée, — non sur le fond, mais sur la forme — des Flagrants-Délits artificiels ! — Bref, quelques brunes piquantes, du plus haut parage, ont allégué, sûres d’elles-mêmes, que la cérémonie du Léthé-chez-soi ne les rassurait qu’à demi.

Pour obvier à l’inconvénient qu’entraîne l’excès de séductions de toutes ces belles alarmées, le major, tranchant cette fois le nœud gordien à la manière