Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/381

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ce mensonge des univers… que tu sauras détruire ! — si j’ai senti, jamais, autour de moi, dans les combats, ta présence exterminatrice, tu écouteras, ô Père de la Sagesse fatale, le fille d’un jour qui ose troubler le silence de ta demeure en te dénonçant ton prêtre.

« Ressouviens-toi, — puisque c’est l’attribut des Dieux de s’intéresser si étrangement aux plaintes humaines ! — Peu d’aurores avaient brillé sur mon règne, Sivâ, lorsque forcée de franchir, avec mes armées, l’Iaxarte et l’Oxus, je dus entrer, victorieuse, dans les cités en feu de la Sogdiane, — dont le roi réclamait sa fille unique, ma prisonnière Yelka. — Je savais que des peuples du Népâl profiteraient, ici, de cette guerre lointaine, pour proclamer roi du Habad celui… que je ne pouvais pas me résoudre à faire périr, Sedjnour, enfin, leur prince, le frère, hélas ! de Sinjab, mon époux inoublié. — Si j’étais une conquérante, Sedjnour n’était-il pas issu de la race d’Ebbahâr, le plus ancien des rois ?

« Je vainquis, en Sogdiane ! Et je dus soumettre, à mon retour, les rebelles, — qui m’ont déclarée, depuis, valeureuse et magnanime, en des inscriptions durables.

« Ce fut alors que, pour prévenir de nouvelles séditions et d’autres guerres, le Conseil de mes vizirs d’État, dans Bénarès, statua d’anéantir l’objet même de ces troubles, au nom du salut de tous. Un décret de mort fut donc rendu contre Sedjnour et encore ma captive, sa fiancée, — et l’Inde m’adjura