Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/394

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voiles sous l’accident desquels il s’incorpore ici. Quand donc le sacrilège atteignit-il d’autre dieu… que l’être même de celui qui fut assez infortuné pour en consommer la démence !

« Tu vins à moi, pensant que la Sagesse des Dêvas visite plus spécialement ceux qui, comme nous, par des jeûnes, des sacrifices sanglants et des prières, préservent la clairvoyance de leur propre raison de dépendre des fumées d’un breuvage, d’un aliment, d’une terreur ou d’un désir. J’accueillis tes vœux parce qu’ils étaient beaux et sombres, même en leur féminine frivolité, — m’engageant à les réaliser, par déférence — pour le sang qui te couvre. — Et voici que, dès les premiers pas de ton retour, ton lucide esprit s’en remet à des intelligences de délateurs — que je n’ai même pas daigné voir — pour juger, pour accuser et pour maudire mon œuvre, de préférence à t’adresser simplement à moi, tout d’abord, pour en connaître.

« Tu le vois, ta langue a formé, bien en vain, les sons dont vibrent encore les échos de cet édifice, — et s’il me plut d’entendre jusqu’à la fin tes harmonieux et déjà si oubliés outrages, c’est que, — fût-elle sans base et sans cause, — la colère des jeunes tueues, dont les yeux sont pleins de gloire, de feux et de rêves, est toujours agréable à Sivâ.

« Ainsi, reine Akëdysséril, tu désires — et ne sais ce qui réalise ! Tu regardes un but et ne t’inquiètes point de l’unique moyen de l’atteindre. — Tu demandas s’il était au pouvoir de la Science-sainte d’induire deux êtres en ce passionnel état des