Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/131

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Par un de ces effets, un de ces absurdes et heureux prodiges que la foudre commet quelquefois, elle ne fut pas blessée. Aucun mal. La secousse ayant été seulement d’une grande violence, elle resta plusieurs heures sans mouvement, comme accablée. À part cette fatigue, l’électricité ne lui laissa aucun souvenir de sa visite.

Lorsqu’elle revint à elle, il faisait grand jour ; le temps était superbe : la bonne odeur de l’herbe après l’orage embaumait les airs ; elle s’accouda, rêva quelques instants, puis se leva et descendit sur le tapis.

Une fois vêtue, elle alla vers la fenêtre, regarda les arbres, le ciel, les fleurs, l’espace immense.

— Cinq heures de perdues !… dit-elle avec beaucoup de douceur.

Ce fut tout, et quelques minutes après, elle parut avoir oublié le terrible incident qui était venu la troubler à cause de l’imprudence qu’elle avait faite de laisser les fenêtres ouvertes pendant les nuits d’orage.

Quelques jours après, elle changea tout d’un coup sa manière de vivre. Elle passa les journées