Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/146

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— Votre Excellence me pardonnera, dit-elle : je ne désire connaître aucun détail, mais je pensais que l’ambassade avait en vue des motifs d’un ordre différent.

— Ces motifs touchent aux intérêts les plus graves, répliqua Forsiani. La question des finances de Naples est très-obscure : les valeurs, sans doute à cause des excessives dépenses de la cour, sont tombées dans un discrédit si fâcheux aujourd’hui, que — un juif aisé, par exemple, s’il savait acheter d’une certaine façon, pourrait s’installer, demain peut-être, sur le trône de Gonzalve de Cordoue. Cela réaliserait une miniature assez triste de ces banquiers de l’ancienne Rome qui trafiquaient de la puissance impériale. Voilà cependant le résultat vers lequel nous allons.

— Ah ? dit Tullia Fabriana, toujours impassible.

— Je le crois, ajouta le prince. En vérité, ces questions finissent par dominer toutes les autres ; les peuples menacent, l’avenir s’assombrit.

— C’est vrai, dit la marquise, et il me vient une amusante idée. Si, par miracle, et toute pavoisée,