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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/159

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loin des autres palais, on ne pouvait, d’aucun édifice, plonger la vue par-dessus les murs du parc et des jardins. Ces murs avaient de trente à trente-cinq pieds de hauteur et trois ou trois et demi d’épaisseur. Des lierres énormes, des fleurs et de la mousse les couvraient presque entièrement. La grille de la longue avenue se fermait par des battants en fer massif.

Les grands arbres étaient bien touffus et serrés dans les allées. Il y avait des statues antiques, une fontaine au mince filet d’argent reçu dans une urne d’albâtre ; des cygnes dans un bassin entouré de cyprès et bordé de marches en marbre blanc ; des buissons de roses d’Égypte, des milliers de fleurs d’Asie et d’Europe, de larges feuilles tombées sur le gazon, des lévriers étendus et gracieux.

Et puis le grand silence.

Le parc, au milieu, était comme une vaste nappe d’herbe émaillée où jouaient des chevreuils et des gazelles. On ne sait quoi d’oriental émanait, au soleil, de ces parfums et de ces ombrages ; un charme mystérieux et profond courait dans l’air de cette solitude. Les jardins de Circé devaient être pareils.