Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/191

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nuit à accomplir s’entrevalait pour elle ! Chacun avait rempli son devoir et son temps d’une manière quelconque et selon sa préférence.

Trois fois, depuis cinq ou six ans qu’elle risquait cette promenade, lorsqu’elle était à Florence, dans les intervalles de ses voyages lointains, trois fois on avait attaqué Tullia Fabriana.

La première fois, elle avait tenu, sans appeler, contre de pauvres gens, et grâce à sa flamboyante manière de tenir une épée, on s’était enfui après quelques coups de pointe dont trois assaillants étaient restés sur le pavé.

La seconde, elle jeta une poignée de florins et leur dit de sa voix calme :

— C’est parce que je ne me soucie pas de vous tuer.

Et, entr’ouvrant son manteau, la marquise laissa voir les pistolets, tout armés, de son ceinturon.

La troisième, elle se vit cernée subitement. Il était deux heures de la nuit. C’était au sortir d’un bouge où elle venait de sauver de la maladie et de la faim deux familles moribondes.

Elle abaissa précipitamment sa visière, fit feu