Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/227

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nir ; j’ai compris les temps fatidiques, entrevus par les Scaldes inspirés qui chantaient dans les montagnes de la Scandinavie ; leurs chants, inscrits et conservés en runes, dans les sagas du Nord parlent de guerriers assis parmi les Ases, dans le Valhalla divin. Ne sont-ce pas les hommes se baignant dans la gloire et dans la séve du monde, au milieu des torrents qui reflètent les soleils, et rafraîchissant leurs fronts immortels durant les fauves nuits où chante la tempête, aux souffles de l’informe Dieu ?

Elle baissa la tête et rêva profondément.

Neuf heures sonnèrent dans le lointain.

— Je n’hésite pas, dit-elle. Et elle ajouta :

— Vous, rappelez-vous.

Elle attendait, silencieuse et concentrée depuis quelques minutes ; ses paupières étaient closes, mais elle ne dormait pas.

— Il vient…, dit-elle encore.

Et, après un silence, elle murmura des lèvres seulement :

— Le voici.