Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/55

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n’ai jamais mieux compris que ce soir que je ne savais rien de très-précis au sujet de Tullia Fabriana… Vraiment, lorsqu’on songe, il y a du ténébreux dans cette femme !… ajouta le prince, comme se parlant à lui-même. — (Il y eut un moment de silence sur ce mot.) — Mais voilà dix heures qui sonnent, venez. Ne la jugez pas sur ce qu’elle vous dira ce soir : le masque, vous savez. — Avez-vous des chevaux ici près ?

— Oui, monseigneur, dit Wilhelm, de l’air d’un homme éveillé en sursaut.

— Bien, sans quoi je vous eusse amené dans ma voiture. Donnez-moi votre main, — encore ! — Souvenez-vous en temps et lieu de ce que je vous ai dit, et passez-moi ce qu’il y a d’un peu… suprême… dans mes petits conseils, en faveur de ma tendresse pour vous.

— Monseigneur, je n’oublierai jamais cette soirée, dit le jeune homme ; je suis tellement ému, que je ne sais comment parler et vous remercier de tout mon cœur.

— Cher enfant !… dit le prince, avec un long regard pensif, et il murmura bien bas, dans