Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/66

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teur dont les esprits diserts et froids ne peuvent se rendre compte et que, cependant, ils subissent d’une manière insurmontable, inexplicable et soudaine. Le vulgaire, qui rit et qui passe, ne croit pas à cette supériorité : peu lui suffit. Il ne relève de cet empire que dans les rares secondes où il se trouve en contact avec l’un des êtres qui l’exercent. Le vulgaire est alors semblable à ces campagnards narquois qui se moquent d’une pile électrique et qui changent de visage dès qu’ils ont touché le fil. Il est vrai que leur étonnement ne dure qu’une heure et se termine par quelque mot sceptique ou indifférent. Le vulgaire ne connaissait de Tullia Fabriana que son nom et ce nom s’entourait d’une auréole de dignité et de respect. Il s’émanait d’elle un sentiment de considération et de sympathie profondes qui, s’imposant naturellement à tous ceux qui l’approchaient, était accepté sans secousse ni discussion.

« La vie est un choix à faire : il ne s’agit que de vouloir grandir en soi-même pour se sentir vivre. Tout est dans la volonté, pour nous ! Certaines gens, sous prétexte qu’on doit mourir, que tout