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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/77

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Mais ce qui doit rester invisible, demeure invisible. Et quand Tullia Fabriana n’eût pas refusé tout indice de sa véritable nature, comment reconnaître en une femme placée dans un milieu de richesse et de tranquillité, comment reconnaître un Génie aux conceptions vertigineuses, doué de l’énergie d’un Prométhée ou d’un Lucifer, éclairé, dans toutes ses profondeurs, par une science dont l’origine eût semblé inexplicable, armé d’un sang-froid et d’une puissance de dissimulation à toute épreuve, muni d’une précision de coup d’œil et d’une logique d’action magistrales, et, bref, ayant sans cesse en vue l’accomplissement d’une tâche d’un saisissant et universel intérêt ; ayant résolu enfin quelque chose de terrible, d’immense et d’inconnu ?

Comment admettre une pareille étrangeté du Sort même en face de la plus souveraine évidence ?

Amener par surprise une combinaison de paroles devant la plonger dans tel cercle d’idées, sous le jour desquelles on eût désiré la soumettre à l’examen ; savoir ce qu’elle signifiait et la pénétrer ?… vraiment, l’exécution d’un tel projet n’aurait pas