Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/100

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82 ACTE TROISIEME RUTH M’accompagnerez-vous ? (Une cloche tinte dans le lointain.) Mistress Andrews, pieuse d’abord, puis avec une énergie froide, rappelant une intonation du premier acte. Je dois assister au prêche qui précédera la grande as- semblée. Comme autrefois, en Suisse, avec Guillaume Tell, le canton d’Unterwalden se souleva, le premier, pour la Li- berté, aujourd’hui, avec George Washington, l’honneur de l’exemple doit appartenir, en Amérique, au district de la Virginie. (Ruth tressaille à ce mot, tout a coup, puis la regarde.) RUTH, à elle-même, comme terrifiée Où donc ai-je entendu cette voix ? Mistress Andrews, à part Malédiction ! Je crois qu’elle a tremblé. Ma voix vient de me trahir. (Haut et d’une voix douce :) Qu’avez-vous ? Vous venez de pâlir tout à coup ? — Mais... c’est, peut-être, l’effet de l’obscurité soudaine de ces grands feuillages ? N’est-ce pas ? RUTH, remise, à part Oh ! je suis folle ! (Haut.) Rien, ce n’est rien, mistress Andrews, merci. Mistress Andrews A bientôt ! (A part, s’éloignant. ) Oh ! malheur à toi !.. (Elle disparaît dans l’un des sentiers de la forêt.) RUTH, à elle-même, la suivant des yeux Stephen est l’un de ses rares amis : on dit qu’elle aime un étranger... Voici deux ans qu’elle est ici. Je suis folle. — Singulière femme, cependant ! (Dahu, une très-jeune peau-rouge, dans un costume farouche et bril- lant, apparaît sur la pointe d’un rocher au fond à gauche et demeure immobile, appuyée à un grand arc de guerre.)