Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/46

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28 ACTE PREMIER RUTH, le regardant J’allais vers le silence, l’oubli et la prière.. Lord CECIL, avec un sourire de doute Le cloître ? RUTH Vous avez accepté mon serment ! Lord Cecil Et vous me l’offririez encore, n’est-ce pas ?. . . Eh bien, milady, la solitude en ce manoir familial, est aussi profonde et aussi religieuse que sous les arceaux des monastères. Priez ici ! dans la paix ! — Et que le ciel vous fasse miséri- corde. RUTH Je suis libre. — La parole a été prononcée ! — par vous ! J’ai signé, sur votre ordre seul. — Milord !... mais vous me déshonorez ! Lord Cecil Je vous cédais à Dieu, non pas à un homme ; vous demeu- rerez. RUTH, doucement Milord, l’épouse répudiée n’a point de ces docilités... (Lord Cecil la regarde : elle continue d’une voix plus douce et plus op- pressée.) — On me calomnie ! Devant Dieu et dans ma cons- cience, dans mon cœur, j’ai cessé d’être votre femme. Et voici que vous me laissez enchaînée à votre nom ? Je n’ai pas mérité cette injustice, et vous n’exigerez pas... Lord Cecil, définitif Ah ! Madame, j’ai dit. (Sous le geste formel de lord Cecil, Ruth s’est assise à gauche, ac-