Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/59

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LE NOUVE.VU-MONDE 41 Un autre, escaladant une fenêtre Burnett ! Un navire, là-bas ! dans le couchant. — Re- garde ! Il se dresse et se détourne vers l’horizon. Voilà le pavil- lon !... Ah ! les fleurs de lys d’or ! Navire français ! — Eh ! c’est un brick ! Entrent, en hâte, des coureurs d’épaves. Coup de canon lointain. Le voilà qui appuie son pavillon ! Premier MARINIER, courant à la fenêtre D’ici l’on voit briller son nom dans les rayons du soir sur la mer !.. à un autre. Lis donc, toi qui sais lire ? Un autre, debout sur une table et la main sur les yeu. Attends, le soleil m’éblouit !... C’est — l'Espérance ! Mistress Andrews, à part, avec un cri de joie sauvage Ah ! je suis arrivée à temps ! TOM Burnett, entrant à gauche et grommelant, tout en servant, çà et là, quelques verres de wiskey Une aubaine ! Hum ! Si l’on veut ? — Ces étrangers- là finiront par signaler mon auberge à l’attention du cons- table ! — N’aurais-je vécu que pour voir cela ?... On ne parle, ici, que de révolte et de bataille : j’aimerais mieux recevoir des gens tranquilles, de mœurs engageantes et d’un doux commerce. — Moi-même, par exemple. — Ceux qui viennent fomenter la rébellion ne sauraient être d’hon- nêtes gens. Premier Marinier Ah ! ça, mais, si les honnêtes gens venaient encore peu- pler le Nouveau-Monde, il deviendrait, bientôt, plus inha- bitable que l’ancien, entends-tu, bonhomme ?