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ognon

sent de beaucoup les feuilles, sont dressées, creuses et fortement renflées vers le tiers inférieur de leur longueur. Les fleurs, blanches ou violacées, sont portées chacune sur un pédicelle très délié ; leur agglomération forme au sommet de chaque hampe florale une tête arrondie et très fournie. — Quelquefois, en place de fleurs, les hampes florales portent des bulbilles : cet accident, qui s’observe exceptionnellement dans toutes les variétés, se produit d’une façon constante dans l’ognon rocambole, appelé aussi ognon bulbifère.

— Aux fleurs succèdent des capsules obscurément triangulaires, remplies de graines noires, anguleuses et aplaties. Ces graines sont au nombre d’environ 250 dans un gramme, et pèsent à peu près 500 grammes par litre ; leur durée germinative est de deux années.

En général, la plante, après avoir grené, périt entièrement ; cependant on trouve quelquefois des caïeux sur des ognons qui ont porté graine : la plante, dans ce cas, peut être considérée comme vivace. Cette qualité ne peut être refusée à l’ognon patate, variété qui ne donne pas de graines et qui ne se multiplie que par le fractionnement de ses bulbes.

L’ognon est un des légumes dont l’usage et la culture remontent à l’époque la plus reculée. L’odeur et la saveur prononcée de toutes ses parties ont dû le faire rechercher de bonne heure comme assaisonnement, et la facilité de sa culture est cause que l’homme l’a transporté avec lui dans les climats les plus divers. De là sont résultées des variations très nombreuses, dont les plus intéressantes ont été fixées et constituent les variétés actuellement cultivées.

Culture. — L’ognon, considéré seulement au point de vue de la production des bulbes destinés à la consommation, se cultive généralement comme plante annuelle, soit estivale, soit automnale.

La culture estivale est celle qui consiste à semer les graines au printemps pour récolter les bulbes à la fin de l’été ou en automne ; tout le développement de la plante se produit alors dans le cours d’un seul été : c’est le mode de culture qui est généralement employé dans le centre et dans le nord de la France, là où l’ognon est produit en quantités importantes et, pour ainsi dire, en grande culture. Le semis se fait dès la fin de février ou dans le courant •de mars en bonne terre fraîche, mais saine, bien fumée et bien pulvérisée à la surface, tout en étant un peu ferme et lassée au fond. La graine, étant assez fine, doit être peu enterrée : dans les jardins, on se contente souvent de recouvrir les planches d’ognon, après le semis, de terreau de feuilles ou de marc de raisin. Quand la levée est complète et que le plant a pris une certaine force, on éclaircit plus ou moins, selon le volume des variétés, et l’on n’a plus qu’à attendre la maturité des ognons. Les arrosages ne sont indispensables que dans le cas de sécheresse exceptionnelle.

La culture automnale est celle dans laquelle la végétation des ognons se partage entre deux saisons : elle est pratiquée le plus généralement dans les climats où l’hiver est doux, comme dans l’ouest de la France et dans tout le Midi. On sème alors les graines depuis le mois d’août jusqu’au mois d’octobre, et l’on en obtient du plant qu’on met en place, soit dès l’automne même, soit à la fin de l’hiver. Cette méthode de culture n’a pas la simplicité de la précédente, mais elle permet d’obtenir des produits plus beaux et plus précoces ; elle est généralement suivie, comme nous l’avons dit, dans les pays