Page:Vimar - Le Boy de Marius Bouillabès.djvu/54

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se demandait ce qui avait bien pu lui arriver encore d’extraordinaire ; d’autant qu’un silence si prolongé de sa part nous paraissait tout à fait anormal.

Nous espérions toujours nous le voir arriver un beau matin.

Un soir, flânant sur les boulevards, je crus rencontrer son spectre, c’est le mot. Arrêté devant un magasin de sellerie, un personnage au teint hâve, coiffé d’un casque des colonies, la peau collée sur les os, le dos voûté sous un complet blanc irréprochable et portant un singe sur le bras, était là attentif, cherchant je ne sais quoi dans tout cet étalage de selles, de brides, de fouets, de sticks, de colliers, de laisses, etc…

Je m’approchai de lui et, regardant moi-même dans la vitrine qui faisait miroir, je contemplai mon voisin. Il ne fut pas longtemps à s’apercevoir de mon petit manège et, m’ayant subitement reconnu, il me tendit affectueusement la main ; son singe fit aussitôt de même.

« Vous voilà donc enfin, mon cher capitaine ? et depuis quand rentré ? Ce n’est vraiment pas gentil à vous de nous avoir pendant si longtemps privé de vos nouvelles. Vous ne nous aviez pas habitués à un tel mutisme… Vous, toujours si joyeux, si vibrant !!!

— Ah ! mon bon ! si vous saviez le purgatoire que je viens d’endurer pendant ces trois années ! Et les yeux du brave homme s’attendrirent tristement.

— Mais, mon pauvre Marius, que vous est-il donc arrivé ? En effet, vous me paraissez souffrant et un peu amaigri ; c’est ce climat, sans doute, qui ne vous convenait pas ? Nous voici à deux pas de mon cercle ; vous seriez gentil de m’y accompagner. Voulez-vous ? Nous causerions